Le rendez-vous du dimanche

Il y a UNE chose qui donne irrésistiblement envie d’être dimanche : ce sont les vide-greniers! D’ailleurs, je pense qu’ils ont été inventés pour ça. Par un aigri du dimanche qui s’est donné pour mission de le rendre plus doux, de trouver UNE occupation qui mettrait tout le monde d’accord, petits et grands, une sorte de subterfuge à la traditionnelle balade afin de motiver (aussi) les fashionistas frustrées elles, des magasins fermés. Qu’à cela ne tienne! On va créer un événement populaire et festif, où chacun viendra y vendre ce dont il ne se sert plus et où d’autres pourront venir flairer les bonnes affaires. Et il a eu le nez fin ce ronchon! Parce que qu’est-ce que seraient les dimanches d’été sans vide-greniers!

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C’est un peu une histoire familiale pour moi les vide-greniers. Ça me rappelle pleins de souvenirs d’enfance. Quand petite, je suppliais papa de me réveiller aussi tôt que lui (« 6h??? ») pour l’accompagner arpenter tous les vides-greniers de la région. Je me souviens des petites routes de campagne qu’il avait plaisir à emprunter et qui, au petit matin, étaient d’une beauté toute particulière. Je me souviens des brefs arrêts « minute culture générale » dans de jolies églises croisées au hasard de notre chemin. De l’arrivée dans le bourg en question, à suivre les badauds pour savoir où se trouvait ce fameux événement vers lequel tout ce petit monde convergeait. Des odeurs de saucisses cuites sur les barbecues géants. De cette ambiance toute particulière qui se dégage d’un vide-greniers. D’un champ, de rues, qui se réveillent à mesure que les stands s’installent, que le déballage s’opère, que les premiers visiteurs arrivent. Toute petite, j’adorais déjà ça! Et ça ne m’a pas quitté!

J’attends avec toujours autant d’impatience les dimanches, je consulte avec autant de passion la liste des vide-greniers de la région, je check le nombre d’exposants, je sonde mes copines pour connaître un peu le genre de fréquentation, pour savoir si ça sent la belle aubaine! À peine levée, je trépigne à l’idée de m’y rendre, j’imagine ce que cette fois, je vais bien pouvoir y dénicher! Une jolie paire de chaussures flambant neuves, des poupées russes, un miroir, de la vaisselle vintage, un vinyle qui manque à notre collection?

Je ne suis pas (ou plus!) de ceux qui se lèvent à l’aube, je ne suis pas une vraie puriste! Je suis plutôt de ceux qui y vont dans l’après-midi, tranquille, sans pression, après tout, je n’ai besoin de rien, juste de me laisser surprendre! On y va parfois en famille, entre soeurs, ça multiplie les recherches! Les chéris, les enfants… Autant de nouvelles perspectives de pouvoir faire plaisir à quelqu’un. On essaie autant que faire se peut de revenir avec un petit truc pour chacun. Au fil des trouvailles… Un playmobil par-ci, une théière par là. À tout petit prix of course, puisque c’est le but du jeu! Il nous arrive de se fixer un budget, et plus il est petit, plus c’est challenge et plus on aime ça! Le budget peut éventuellement varier, si trouvaille-de-fou il y a! Mais il faut vraiment que ça envoie du lourd! C’est négocié avec la soeur, checké, on pèse le pour le contre, avant de se lancer! Cette négociation, à enjeux minimes mais traitée avec un sérieux déconcertant, représente un de nos jeux favoris!

Quand on rentre, ayant traditionnellement allègrement dépassé l’heure de retour prévue, toute la famille attend le fameux déballage-débriefing, en essayant de deviner le prix de chaque objet chiné! Nous congratulant à l’occasion pour la bonne affaire réalisée! Bredouilles ou pas, (et c’est rarement le cas!), on rentre toujours ravies et avec plein d’histoires à raconter.

Des histoires comme seules les vide-greniers peuvent en offrir. Cette dame qui offre un jouet de son stand à un enfant qui louchait dessus, comme ça, tout simplement, parce que ça lui fait plaisir. Ce couple qui porte chacun ce même infâme blouson Johnny Hallyday. Cette grand-mère qui avait tant de belles chaussures toutes neuves sur son stand parce que « si mes petits-enfants viennent, ça me ferait plaisir qu’ils aient une nouvelle paire », et qu’elle a finalement du les attendre souvent ses petits-enfants…  Ces cadeaux, trouvés par dizaines, et échoués là, encore dans l’emballage, témoins d’une mode qui n’a finalement plu à personne. Cet homme qui finit par céder un pur 4×4 télécommandé à 2 euros à un petit garçon que je soupçonne d’être venu et revenu environ 20 fois depuis le petit matin négocier avec lui (et avec son argent de poche) ce Graal qui lui fait pétiller les yeux, et qui repart, heureux comme un roi. Ces Barbies défraîchies qui ont passé leur heure de gloire. Des histoires drôles, émouvantes, des histoires plus tristes aussi. Des histoires de vie, qu’on grappille, qu’on emmagasine et qu’on raconte plus tard, comme des petites perles de vie. Les vide-greniers sont de beaux endroits.

4 réflexions sur “Le rendez-vous du dimanche

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