La fin du JT en Claire

Une bien triste nouvelle est tombée en cette rentrée médiatique. Une nouvelle salement annoncée. Par la rumeur d’abord puis par un communiqué de presse froid et expéditif, Claire Chazal ne présentera plus le JT « d’ici quelques semaines ». Et ça m’a mis un sacré coup.

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On ne connait de Claire, que ce que le JT voulait bien nous en montrer. Son élégance, sa droiture, sa diplomatie. Sa façon de gérer l’actualité avec panache, à cette place enviée mais si difficile, depuis 24 ans. Certains aigris lui prêtent, avec un plaisir non dissimulé, une image glacée et lisse. J’aime à penser qu’ils se trompent, qu’ils n’ont rien compris, mais surtout qu’ils n’ont PAS cherché à comprendre…

On ne connaît pas réellement Claire si on n’a pas pris le temps de la regarder, sur le Divan de Fogiel. C’était l’émission à ne pas rater pour comprendre mieux qui se cache derrière cette « Reine de l’info ». J’étais, ce soir-là, devant mon écran, et j’ai découvert avec étonnement, une femme douce et attachante.

Ce soir-là, c’est une Claire « en entier » que j’ai vu. Bien loin du buste robotique de TF1. C’était Claire dans son ensemble. Il fallait  la voir se mouvoir, se recroqueviller même parfois, la voir évoluer dans ce corps de danseuse qu’elle sculpte chaque matin, la voir, pieds nus, simple et fragile. On peut présenter le JT le plus regardé d’Europe et être encore si peu sûre de soi. Ce soir-là, j’ai découvert une femme touchante, émouvante. Une femme qui doute, encore. Une femme à l’éducation stricte, à l’exigence maladive, une femme fragile, le regard toujours un peu humide. Il fallait la voir, se recoiffer de manière presque automatique, à la vue de ses premières interventions télévisées, pour deviner qu’elle n’était pas très à l’aise avec ses quelques années de plus. Ce soir là, j’ai découvert une femme de culture, une femme de lettres, une femme curieuse de tout, une femme ouverte d’esprit. Une femme attachée à sa liberté, une femme qui préfère aimer vraiment, même si ça ne dure pas longtemps. Une femme indépendante mais que la solitude effraie parfois.

Une femme qui tremblait aussi. Qui tremblait à l’évocation d’une fin de carrière télévisée, à l’évocation du jour « où ça s’arrêterait », qui se souvenait du jour précis de son premier journal, et qui espérait juste « avoir le temps de le préparer en douceur » ce départ. Qui regardait émue les derniers mots de PPDA à l’antenne. Qui était morte de trouille en vrai… Il fallait la voir Claire, désemparée, à l’idée de quitter ce fauteuil qui l’a vu grandir.

Alors, quand le couperet est tombé, en début de semaine. Je n’ai pas pu m’empêcher de repenser à ces images, à ce désarroi, à cette peur, que j’avais lus dans ses yeux ce soir-là. Je n’ai pas pu m’empêcher de me demander ce qu’il pouvait bien se passer dans sa tête à elle, à cet instant précis. J’ai eu la nausée à l’écoute des mots durs et injustes d’une Karine Le Marchand qui ferait bien de s’inspirer de la classe et de la retenue de cette grande dame. J’ai frissonné quand PPDA, son plus vieil amant, a évoqué cette manière peu humaine de mettre les gens à la porte, ayant subi lui-même les foudres de la « grande » chaine il y a quelques années. J’ai lu tous les articles sur le sujet, tous. Mais ce que je ne sais toujours pas, c’est comment, elle, Claire, vit cette éviction précipitée. Et ça, nous ne le sauront probablement jamais. Claire se tait et laisse dire. Élégante jusqu’au bout.

16 réflexions sur “La fin du JT en Claire

  1. Moi, j’ai manqué de chialer hier soir quand elle a dit au revoir. C’est tout ce que tu dis pour moi, mais aussi un espèce de pilier depuis petite, comme quelques choses de mon enfance, de mon adolescence, de ma vie de jeune femme qui part avec elle.
    Comme elle aurait du faire partie des personnes, qui ne devraient jamais partie, tellement elles font parties du paysage….
    Belle journée.
    Nini

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