Distance

Distance, parfois je t’aime et souvent je te hais.

Au début, je t’ai un peu aimé, j’avoue. Parce que tu me permettais d’avoir du « temps pour moi », de reprendre mon espace, d’apprendre à m’écouter, sans écho, sans influence. Je t’ai aimé parce que je t’ai pris comme une force, comme une nouvelle étape, comme une épreuve qui me faisait sourire, parce qu’on est « les plus forts du monde entier » et que j’allais avoir l’occasion de te le prouver.

Capture d’écran 2016-02-16 à 23.32.32

J’ai aimé ton côté challenge, ton esprit défi, je t’ai regardé de loin, d’un air narquois, presque provocateur. Parce que tu ne m’aurais pas, pas à ce jeu là, pas nous, parce que tu t’attaquais à du lourd et que t’avais pas l’air de t’en rendre compte !

Et puis, t’as commencé à faire ton effet, à devenir bien lourde, bien chiante, à venir t’immiscer dans mes plus belles certitudes, à venir tout foutre en l’air… A fanfaronner tes conneries réchauffées : « loin des yeux… » tout ça tout ça.

La distance est à l’amour ce que le chômage est à l’humain. Dévastatrice, rongeuse, sournoise.

Je rêve parfois, secrètement, ou plus très secrètement d’ailleurs, d’un quotidien presque chiant, qui me faisait mourir d’ennui avant. Et qui me ferait mourir d’ennui encore aujourd’hui, si seulement j’avais la possibilité de choisir ! Sauf que là, toi, tu nous imposes un truc pour lequel on n’a pas signé. Un truc qu’on subit, impuissants, penauds. Et subir, c’est pas notre genre. C’est pas notre délire.

Nous, on est plutôt du genre collés, du genre complices, du genre entiers. On est du genre qui s’aiment, qui se détestent, qui s’engueulent, qui s’adorent, qui se raccrochent au nez, qui remettent la planète en question au moins une fois par semaine, du genre qui cherchent un eldorado et qui y croient encore, du genre qui s’aiment profondément en fait, mais à notre manière. On est du genre à pas te kiffer, toi distance. On est du genre à te dire d’aller bien te « faire cuire le cul », du genre à te dire de remballer ton machiavélisme et à te rire au nez. Du genre à vouloir 10 enfants alors qu’on flippe d’en faire ne serait-ce qu’un, du genre à préférer un mac do bien porn food à un resto trop guindé, du genre à faire des métiers qu’on aime mais qui roulent pas sur l’or, du genre à aimer la vie quoi.

Pas du genre à subir ce que TU nous imposes en l’occurrence. Sauf que, l’occurrence ou pas, c’est toi qui t’imposes et nous indisposes. Avec tes putains de 500 kms plus mal desservis que le fin fond de la brousse, avec tes week-ends trop courts qui nous pressent et nous oppressent, avec tes appels téléphoniques qui niquent le moral et l’entrain, avec ton organisation qui contrarie toutes pulsions, avec tes jours comptés, avec tes heures comptées, avec tes minutes comptées, avec tes au-revoir merdeux, tes parkings de co-voit, tes quais de gare.

Alors parfois oui, je te hais distance. Clairement là, tu ne me fais plus beaucoup marrer. Et j’ai plus très envie de jouer. Si on disait que tu as gagné ? Que je baisse les armes ? Que tu es finalement bien plus forte que moi (mais pas que lui, parce que lui, c’est le plus fort du monde), tu me le rends mon amoureux ? Allez vas-y. Sois cool. Demande à la vie de nous faire un cadeau canon. De nous offrir un quotidien pèpère qu’on vomira dans 3 jours, de nous offrir du temps qu’on gâchera en grasse-mat’, de nous offrir un foyer de nouveau partagé où on se chamaillera pour avoir un moment de tranquillité. On te demande pas grand chose de plus finalement. Juste un quotidien, pas trop loin, juste trop près. On en fera notre affaire, t’inquiète, on l’a déjà fait. Non sans heurt, parce que ce serait trop simple. Mais ça, c’est notre histoire. Histoire qu’on aimerait poursuivre de plus belle, mais pour ça, si tu pouvais arrêter de jouer avec le bouton pause, ce serait bien cool. Allez, vas-y, sois sympa. T’arrives bien à être cool quand tu nous éloignes de notre lieu de travail pour les vacances, ou quand on a besoin de prendre l’air, ou besoin de prendre du recul sur une situation…. Ah tu vois, tu as souris ! T’es une vraie cool en fait, j’suis sûre !

Alors, ce qu’on va faire, c’est qu’on te laisse quelques semaines, le temps de te faire à l’idée et de préparer le retrait de tes forces. Et puis tu va nous laisser tranquille hein. Ça va être bien ça ! Tu t’organises comme tu veux, tu fais même un deal avec ta collègue la chance si tu veux, pour nous trouver une belle opportunité, un joli projet, un truc qu’envoie et surtout un truc tout près de moi, pour lui, pour nous. Un truc simple en fait. On l’a bien mérité non?

#sansrancune #filedelà

9 réflexions sur “Distance

  1. 18 mois de distance, à 3h de route l’un de l’autre. Je me rappelle encore le jour de son départ pour ces 18 mois de contrat. Et je me rappelle surtout quand je l’ai aidé à faire ses cartons pour revenir « chez nous » !
    Une bise d’à côté.

    Aimé par 1 personne

  2. Allez courage! Après un an de distance Paris Lyon et de pleurs sur les quais de gare le dimanche soir, nous avons un chez nous, un baby, un autre sur le point d’arriver et c’est que du bonheur! Ton texte est trop vrai, c’est tellement la réalité quand on est dedans et qu’on veut en sortir vite… Ms crois moi tous ces weekends pendant cette année de distance sont telle lents intenses et uniques qu’ils sont inoubliables! Profites de ces moments et tiens bon, votre routine arrivera 😉. Au plaisir de te lire a nouveau 😊

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire