La nuit.

Et après tu me demandes pourquoi je sors la nuit… Sans doute pour oublier ce que j’endure le jour. Sans doute pour oublier lui, lui et puis lui aussi. Pour oublier les abandons, les trahisons, les fausses joies, les chagrins, les espoirs morts avant d’être nés. Sans doute pour oublier mes 30 ans, cette vie moche, le gris, le tunnel. Sans doute parce que la danse, elle, ne trahit jamais. Parce que, quelques instants, j’oublie. Sans doute parce que la musique, assourdissante, me berce, et que je n’entends plus ma tête, mes maux. Sans doute parce que parfois je préférerais que tout se taise autour de moi.Que tout s’arrête. Eteindre les sons incessants de mon cerveau, mon ventre qui crie son désir d’enfant, faire taire ce vacarme en dedans, respirer. Faute de poser ma tête sur une épaule douce et rassurante, je la noie au gin tonic, aux talons de 12, aux rires de bout de la nuit, aux nuits sans fin.

nuit

Voilà pourquoi j’aime plus la nuit que le jour maman. Ça te rend triste, mais moi aussi… Si tu savais. Moi aussi j’aimerais bien que le jour m’adopte, j’aimerais avoir à assumer une famille, à devoir rentrer tôt, à être dans l’obligation de refuser des sorties… Mais le jour, celui des gens normaux, ne veut pas de moi. Et la nuit est bien trop accueillante pour les gens comme ça. Parce qu’elle permet d’oublier. Elle offre des parenthèses enchantées. Ni saines, ni durables, mais bien présentes, elles.
Maman, mon seul jour dans la nuit, c’est toi, c’est vous. Le reste c’est gris. Et pas que parce que c’est Rouen.

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